Dès ses débuts au milieu des années 1990, Alexandra Duprez développe une pratique intuitive du dessin et de la peinture. Entre figuration et abstraction, l’artiste crée ce qu’elle appelle des « lambeaux d’images ». Mains, yeux, serpents, souvenirs informes, peuplent ce théâtre de l’intime et du lointain.

Un voyage en Australie à 16 ans où l’artiste découvre l’art brut, joue un rôle déterminant. L’on pense ici au poète Antonin Artaud chez les Tarahumaras, à l’historien de l’art Aby Warburg chez les Hopis, au rituel du serpent, aux “survivances du temps”, à l’explotration de formes “autres” et originelles.

Face à nous une peinture viscérale et délicate, travaillée avec du bleu de prusse, plus noir que le noir, des fragments, des songes ouverts, renversés. L’emploi de couvertures de livre est significatif de cet atlas intérieur. Les corps et les animaux y deviennent totems, à la découpe fugace et inachevée. La figure du serpent, sa forme démultipliée, enlacée est omniprésente.

Ce serpent, tour à tour, danger et remède, démon et messager; un intercesseur, qui s’immisce dans les plis de l’éternité. Forme des origines et des recommencements. Objet de fascination et de connaissance, la figure du serpent nous guide dans les entrailles d’une mémoire collective et intime.

Le regard erre, l’esprit plonge, comme dans une forêt, les motifs s’animent ensemble, circulent, semblent sur le point de naître, de renaître, de s’ouvrir.

Née en 1974 à Quimper, Alexandra Duprez vit et travaille à Douarnenez.